Du théâtre du cinéma et de la musique. Chaque printemps, la langue de Tchékhov est à l’honneur dans le quartier de la Belle-de-Mai, en plein cœur de Marseille. C’est ici, au théâtre Toursky qu’est organisé le Festival Russe, une sélection originale d’événements culturels en version originale sous-titrée.
L’expérience a été tentée au milieu des années 1990, lorsque le directeur du théâtre Toursky Richard Martin s’est rendu au Caire pour assister à la délibération du jury d’un festival expérimental. Il y a fait connaissance avec la troupe du théâtre Pokrovka, dirigée par Sergueï Artsibachev.
« Le théâtre Pokrovka a plu à Martin », se souvient Konstantine Chtcherbakov, qui occupait à l’époque le poste de vice-ministre de la Culture. « Et nous avons alors décidé de demander au ministère de la Culture un financement pour un festival russe à Marseille. Ce financement nous a été accordé ».
Toutes ces années, le Festival Russe proposait au public marseillais deux ou trois pièces, mises en scène par des théâtres différents. Parmi les invités célèbres des éditions précédentes - le théâtre de marionnettes d’Obraztsov, ou encore le théâtre Maly de Moscou. Et les organisateurs ne se sont pas cantonnés à Moscou ou Saint-Pétersbourg, invitant également des troupes de province, notamment de Novossibirsk et Kazan.
Pour sa 18e édition, le Festival Russe propose entre le 22 et le 24 mars prochain Les méandres de l’amour d’Alexandre Ostrovski - une pièce mise en scène par le Théâtre de la Jeunesse sur la Fontanka de Saint-Pétersbourg.
Le programme cinématographique du festival est un projet qui résulte de la collaboration entre l’association franco-russe locale « Perspectives », le fond national du cinéma russe Gosfilmofond et l’Union des cinématographes de Russie. Cette année, cinq films en version originale sous-titrée seront projetés entre le 12 et le 16 mars, notamment Le Retour d’Andreï Zviaguintsev, et Rien de personnel de Larissa Sadilova. Ces deux films seront suivis des discussions en présence des réalisateurs.
Des difficultés de financement
Malgré un relatif succès dans le milieu culturel, les organisateurs du festival font face à un manque de moyens chronique. D’abord parce que depuis les années 2000, le ministère russe de la Culture a réduit le financement, remboursant principalement le déplacement des délégations jusqu’à Marseille. Ensuite, parce que le théâtre Toursky connaît lui-même des difficultés financières, dépendant des subventions accordées par l’administration locale et la Direction Régionale de la Culture (DRAC PACA).
Une demande récente du Consul général de Russie à Marseille Vladimir Pozdniakov adressée au Ministère de la Culture pour un financement supplémentaire a reçu une réponse négative, motivée par le fait « qu’il s’agit d’un événement culturel régional, géré par une structure privée », explique Oleg Aguichine, le président de l’association « Perspectives ».
En outre, inviter les théâtres russes en France, cela commence à coûter cher. « Il y a quelques années, nous avons voulu inviter le théâtre dramatique Ermolova », poursuit Oleg Aguichine. « Dans la pièce que nous voulions montrer à Marseille jouait l’acteur Marat Bacharov. Les producteurs du spectacle nous ont dit que Bacharov gagnait 2.000 euros par jour avec tous les projets auxquels il participe. Ils le laisseraient partir pour 12 jours uniquement si nous lui versons 24.000 euros d’honoraires. Où trouver une somme pareille ? ». Les organisateurs estiment le budget d'un festival à près de 150.000 euros.
Exceptionnellement la 19e édition du Festival Russe aura lieu en novembre de cette année, grâce au financement conjoint des maries de Saint-Pétersbourg et de Marseille à l’occasion du prochain jumelage entre les deux villes. Du 22 au 29 novembre 2013, Toursky accueillera le théâtre Tovstonogov, ou encore la troupe théâtrale Priut Komedianta. Le 19e festival sera organisé en collaboration avec l’Opéra de Marseille qui prévoit un grand gala du Théâtre Mariinsky. /L
